Chapitre 4
L’art d’être chrétien
1.— Le Royaume du Père fut révélé pour la première fois d’une façon exhaustive dans le Sermon de la Montagne. A la vue des foules, Jésus gravit la Montagne nous dit l’Evangile de Saint Matthieu ( Chapitre V ). En termes symboliques monter sur la montagne signifie s’élever spirituellement, laisser de côté notre personnalité inférieure pour entrer en contact avec la partie la plus élevée qu’il y a en nous-mêmes.
Le Sermon de la Montagne était exclusivement réparti entre 12 Disciples. Certains avaient déjà commencé à évangéliser, d’autres non. Ils formaient une équipe très unie, bien qu’ils se heurtaient fréquemment entre eux à cause des différences de caractère, et Jésus avait décidé de les présenter au Père ; il allait les ordonner. La cérémonie eut lieu dans les montagnes de Capharnaüm. Jésus leur demanda de s’agenouiller en formant un cercle autour de lui, il mit ensuite ses mains sur la tête de chacun d’eux, en commençant par Judas Iscariot et en finissant par André. Jésus prononça une prière brève dirigée au Père, le suppliant d’aimer et d’assister ses 12 Apôtres tout comme lui-même avait été aimé et assisté. (Lire plus)
Les Apôtres gardèrent le silence pendant quelques instants, profondément émus. Pierre fut le premier à lever les yeux vers le Maître et l’embrasser, ce que firent ensuite les 12 à tour de rôle. Cela eut lieu dans le plus grand silence physique mais ceux qui étaient doués de vision et d’ouïe spirituelles pouvaient entendre une foule d’êtres célestes qui chantaient et contemplaient depuis les cieux la scène sacrée pendant laquelle l’envoyé de Dieu transmettait aux hommes la responsabilité de la promulgation du Règne. Les 12 Apôtres allaient devenir le ferment du Monde de Dieu sur cette Terre et chacun d’eux allait conduire une foule d’âmes au Royaume, même Judas, le traître, car nombreux sont les hommes de ce Monde, qui ont besoin de l’expérience de la trahison pour ouvrir les yeux.
Les béatitudes et les Séphiroth
2.— «Jésus s’assit et les Disciples l’entourèrent, il leur donna les enseignements suivants : Heureux ceux qui sont pauvres en esprit car le Royaume des Cieux est à eux ».
Les 9 Béatitudes exaltent des qualités contraires à celles que la Société proclame habituellement, nous démontrant ainsi que le Royaume Divin est l’opposé de la Société humaine. Dans les cérémonies d’Initiation des Ecoles Hermétiques, et avant d’entrer dans le Temple, les candidats sont tenus de se défaire de tous les métaux qu’ils portent sur eux. Ce geste symbolique correspond aux premiers préceptes institués par le Christ, adressés aux hommes qui allaient s’occuper des intérêts du Père sur Terre.
L’humilité - Hochmah
3.— La première Béatitude est adressée aux pauvres en esprit et elle caractérise Hochmah. Pourquoi le Royaume des Cieux allait-il leur appartenir ? Dans son actuel état évolutif, l’homme ne peut capter qu’une toute petite partie de la Sagesse divine. Si, une fois en possession de cette modeste parcelle, l’homme se croit riche, se sent rassasié de cette Sagesse et construit avec elle ses certitudes, proclamant la vérité contenue dans cette portion de savoir, il s’y enfermera et sa pensée deviendra stagnante et ne recevra plus aucun apport extérieur. Si, au contraire il adopte une attitude humble par rapport à ses connaissances, s’il dit, comme le philosophe grec : « Je sais seulement que je ne sais rien » s’il est affamé spirituellement parlant, il attirera la Sagesse vers ses vides intérieurs et le Ciel se manifestera en lui. Cette Première Béatitude exprime donc une Règle : ne croyez jamais que vos connaissances soient définitives ; n’en faites jamais vos possessions personnelles afin de parer votre personnalité humaine. Au contraire, faites que votre savoir ressemble au voyageur qui abandonne facilement les endroits qu’il traverse car rien ne le retient. Les pauvres partagent tout plus facilement que les riches car ils ont peu de choses à partager et il est plus facile de donner à un ami la moitié d’un morceau de pain que la moitié d’un lingot d’or. Ne laissez pas les connaissances spirituelles s’accumuler à l’intérieur de vous-mêmes au point de créer une situation de richesse car il vous sera difficile de les partager ; vous vous sentirez propriétaires de ce que vous possédez et vous voudrez rentabiliser. Si au contraire vous partagez tout ce que vous recevez, le Royaume des Cieux remplira vos vides intérieurs et la Sagesse sera continuellement présente dans votre âme.
Pour demeurer en état de pauvreté vous devrez donc donner tout ce que vous recevez avant que cela ne s’accumule et devienne un trésor. Vous devez répandre, diffuser, vos connaissances et évangéliser le monde qui vous entoure.
La consolation - Binah
4.— « Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés » nous dit la Seconde Béatitude ( Matthieu V, 1 à 12 ) ; qui caractérise Binah. Le Christ annonce la Loi d’alternance qui fait que tout change. La peine peut être physique ou morale, mais elle est toujours provisoire, destinée à disparaître. L’individu l’a rendue nécessaire par son comportement antérieur mais elle ne peut durer car elle est soumise à la Loi de Répulsion qui la détruit et elle est bientôt remplacée par la consolation qui représente une restitution de ce qui avait été perdu, qu’il s’agisse de santé, d’une affection ou de possessions matérielles comme dans l’histoire de Job, qui illustre la façon dont les affligés sont consolés quand ils comprennent les motifs de leurs afflictions.
Le Royaume annoncé par le Christ est celui de la consolation, dans lequel on trouve tout ce qu’on a perdu au cours de notre pèlerinage humain ; c’est un vaste Océan d’Amour, de Sagesse, de Grâce et quand le Royaume se déverse sur l’âme, il fait disparaître toute affliction. Mais parfois les afflictions humaines sont de longue durée, tout comme les erreurs qui les ont provoquées et il arrive parfois que le malade, ou le malheureux, s’identifie à sa maladie ou à son malheur et il pense que la santé et le bonheur ne lui appartiennent pas.
Cet état d’âme paralyse l’arrivée de la consolation. Il peut également s’insurger contre son sort, et douter de la justice de Dieu ; les conséquences sont les mêmes s’il s’éloigne de la consolation. En ralliant la consolation à l’affliction, Jésus voulait faire comprendre ce que plus tard il illustrerait avec son comportement, en guérissant d’une façon instantanée ceux qui l’approchaient pour toucher sa grâce. Il voulait dire à tous les affligés que la consolation était à leur portée s’ils avaient la Foi. Peu importe la gravité de leur mal et peu importe ce que la science en dit, son diagnostic a une valeur dans le monde profane mais dans le Royaume du Père tout est parfait et quand l’âme humaine s’y est rattachée, la perfection d’en Haut descend sur le malade et le guérit à l’instant.
Si vous souffrez, si vous avez à supporter des tares physiques ou morales, élevez vos pensées et vos sentiments jusqu’à cette sphère de confiance nommée Foi et les eaux de la consolation se déverseront sur vous pour laver vos plaies.
La mansuétude - Hésed
5.— « Heureux ceux qui sont doux car ils posséderont la Terre », nous dit la Troisième Béatitude, qui caractérise Hésed. La douceur est l’une des Règles fondamentales dans le remaniement du comportement humain et le Christ allait manifester cette vertu à plusieurs reprises et sous différents aspects en recommandant, par exemple, d’offrir l’autre joue à l’agresseur ou en nous exhortant à aimer nos ennemis.
La mansuétude face à tous les écueils de la vie ordinaire est recommandée car toutes ces exigences, tous ces devoirs, ces obligations qui nous tenaillent ne sont que le reflet de nos propres actes vus à l’envers, comme l’image qui apparaît dans un miroir. On exige de nous ce que nous avons exigé des autres ; on nous impose ce que nous avons imposé, on nous oblige et on nous force dans la mesure où nous avons obligé et forcé les autres. Une existence d’oppression est la suite logique d’une vie de pouvoir oppresseur. L’antidote de toutes ces injustices est la mansuétude car si nous acceptons ce que les autres nous imposent, qu’il s’agisse d’individus ou de forces sociales, nous rétablissons l’équilibre perdu et nous remettons les choses à leur place. Si au contraire nous réagissons, si nous nous révoltons contre ce qui apparemment est injuste, nous prolongeons en réalité le règne de l’injustice et toute notre vie peut devenir un affrontement perpétuel, un état de guerre permanent et sans fin.
La mansuétude est le chemin qui conduit directement à la Liberté, bien que l’organisation de la Société tend à nous indiquer parfois le contraire, car lorsque la cause lointaine, qui produit l’agression, épuise son dynamisme, cette dernière cesse automatiquement.
La mansuétude est le pôle opposé de l’ambition. De nos jours, l’ambition est considérée comme une vertu et la Société toute entière se démène pour la stimuler, pour pousser l’homme à se dépasser ; soit dans ses besoins quotidiens, soit dans l’exercice de ses pouvoirs intellectuels. Notre Société nous pousse à consommer plus, à voyager plus, à lire plus, à travailler plus et à gravir de plus en plus d’échelons dans l’échelle sociale. Mais elle oublie que chaque âme a ses normes, que chaque être évolue dans une orbite naturelle et que les appétits naturels viennent de nous-mêmes, et ne doivent pas être stimulés depuis l’extérieur d’une façon anti-naturelle. Cette Société gouvernée par l’ambition a atteint très rapidement des buts matériels mais les ambitieux n’ont conquis que le Royaume peu attirant qui offre des plaisirs dérisoires. Même ceux qui détiennent les hauts postes de la Société, qui sont chargés de possessions, sont menacés par le caractère provisoire de ce Règne et tôt ou tard, au cours de cette existence ou de la prochaine, ils devront descendre de leur piédestal pour tout recommencer à partir de zéro.
La mansuétude mène à la Paix, c’est-à-dire à une vie dans laquelle rien ne s’oppose aux propos de la volonté naturelle de l’individu qui peut ainsi réaliser sa vocation et extérioriser son talent en parfaite Liberté, sans que personne ne lui mette des bâtons dans les roues. C’est à cela que faisait référence le Christ quand il disait que les doux posséderaient la Terre, autrement dit qu’ils disposeraient d’un morceau d’Univers adapté à leurs capacités et à leur courage, à leur force de volonté.
Nous ne devons donc pas aspirer à nous dépasser, si pour ce faire, nous devons violenter le milieu naturel dans lequel nous sommes nés et si cette aspiration exige une rupture avec notre pays natal, avec notre famille et avec les règles de la société dans laquelle nous vivons. La mansuétude nous demande de ne pas marquer des buts, car le gardien de but que nous avons en face, c’est notre propre frère. Chacun de nous naît dans l’endroit le plus adéquat aux expériences programmées par la partie divine qu’il y a en nous. Prétendre obtenir des expériences en dehors de ce contexte équivaut à chercher de midi à quatorze heures.
Amour de la Justice - Guéburah
6.— « Heureux ceux qui ont faim et soif de Justice car ils seront rassasiés ». Nous dit la Quatrième Béatitude qui caractérise Géburah. Avoir faim et soif signifie sentir d’une façon pressante un vide intérieur qui doit nécessairement être rempli, comblé. Quand un homme a envie de manger une langouste par exemple, il mobilise ses ressources économiques pour l’obtenir ; s’il a faim et soif de Justice, c’est la Justice qu’il obtiendra. Mais il ne peut pas se la procurer par les armes ou par une quelconque violence, car, il violerait la règle précédente, celle de la mansuétude. Cela doit correspondre à un besoin intérieur, à un ressort qui fasse démarrer, qui mette en mouvement, tous les mécanismes de la personnalité en vue d’agir avec Justice, car cette faim et cette soif ne seraient que du vent si l’individu agissait injustement envers ses semblables. Quand elles sont sincères, la faim et la soif de justice attirent vers nous alors son expression vivante, qui apparaît dans nos gestes et dans nos paroles. Et c’est ainsi que nous luttons pour un monde plus juste. Cette justice s’incarnera dans les Gouvernements, dans les Hauts Fonctionnaires et cadres, et chez tous ceux qui seront en mesure de la faire fructifier.
Le disciple qui travaille à l’instauration du Royaume du Père doit donc conserver sa pauvreté d’esprit, cultiver l’harmonie physique et morale ; la mansuétude doit faire partie de ses qualités, il doit avoir faim et soif de Justice en vivant lui-même toutes les injustices qui se commettent chaque jour dans le monde et en souhaitant leur disparition. Il ne doit pas mépriser l’injustice ou les hommes qui la commettent mais doit se contenter simplement d’aimer la justice afin d’intérioriser en lui-même cette qualité pour devenir définitivement un facteur d’ordre et de paix.
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La miséricorde - Tiphéreth
7.— « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » nous dit la Cinquième Béatitude qui exprime les qualités de Tiphéreth, le Centre qui manifeste les vertus du Christ.
La miséricorde est la compassion répétée à plusieurs reprises, quelles que soient les fautes commises par l’intéressé. C’est une vertu paternelle puisque le Père est l’unique être capable de pardonner maintes fois son Fils.
Au moment où nous rédigeons ce texte, les journaux nous parlent d’un étudiant japonais qui, après avoir tué une jeune fille à Paris, la coupa en plusieurs morceaux qu’il mit dans une valise. Après un commentaire sur l’horreur du geste, l’article en question nous dit que le père de cet étudiant, important homme d’affaires, laissa de côté toutes ses occupations pour aller tenir compagnie à son fils, méprisé par tout son entourage. Cet homme, dans les circonstances tragiques que vivait son fils, n’a écouté que la voix de la miséricorde et il s’en est allé à son côté. Tout le monde l’avait abandonné sauf son père. C’est l’exemple de la miséricorde que le disciple doit être capable de suivre car c’est la miséricorde du Père par rapport aux hommes, ses fils.
Quand nous regardons la vie d’un homme c’est vers l’avant qu’il faut tourner nos regards et non vers le passé, et être miséricordieux c’est croire que cet homme qui s’est traîné dans la boue, qui a été réfractaire à la Lumière, entendra un jour la voix de la divinité qui dort en lui et modifiera son comportement. C’est pourquoi nous devons croire en lui, ne pas perdre l’espoir. Le Christ prononça souvent cette phrase au cours de son pèlerinage humain : « Que ceux qui ont des oreilles entendent », voulant dire par là qu’il existe une voix dans les profondeurs de tout individu, qui crie la vérité, qui récite les règles divines et quand nous arrivons à entendre cette voix, le vacarme des passions s’assourdit et s’éteint. Nous devons nous comporter avec nos semblables comme s’ils s’apprêtaient à entendre cette voix et nous devons nous dire que s’ils ont mal agi c’est qu’ils sont sourds, c’est qu’ils ne l’ont pas encore entendue.
La miséricorde doit s’appliquer également à nous-mêmes. Nous nous trompons souvent, nous commettons des méfaits, nous manquons parfois de loyauté et nous méritons comme les autres cette auto-miséricorde car si, sous le poids du remords, nous nous méprisons, alors nous agirons aussi avec mépris. Le remords peut être salutaire s’il nous permet d’apprécier chez les autres des qualités qui nous étaient passées inaperçues, et que nous nous rendons compte que nous ne sommes pas des modèles. Mais le remords doit s’effacer devant le repentir, qui sera à son tour remplacé par la miséricorde.
Si nous sommes miséricordieux envers nous-mêmes et envers les autres, nous attirerons vers nous la miséricorde d’en Haut, celle du Père Eternel, et le mal que nous aurons fait sera effacé ; nous n’aurons pas à payer pour notre perversité passée et ceux qui l’auront subie nous pardonneront. Nous serons alors libres du Karma et nos victimes recevront une sorte de baume qui guérira leurs blessures et qui sera pour eux comme un nouvel élan spirituel. La miséricorde a donc un effet libérateur, non seulement sur nous-mêmes, mais également sur ceux à qui nous avons porté préjudice dans le passé.
Utilisation judicieuse des cinq sens - Netzah
8.— « Heureux les coeurs purs car ils verront Dieu » nous dit la Sixième Béatitude, qui exprime les qualités de Netzah. Nous savons que le Soleil, qui régit notre coeur physique, centralise la Volonté de notre Ego, par son pôle positif, et qu’il est le gardien de la Conscience dans son pôle négatif. Par « coeur pur », le Christ entend donc volonté de pureté, laissant de côté la conscience, puisqu’elle est un réservoir de toute la pureté que nous avons accumulée au cours de nos vies et, donc, on ne peut prétendre purifier la conscience. Quand on dit que l’on « a pris conscience de quelque chose », on veut dire qu’on a capté ce que cette chose contenait de vrai, de pur d’éternel. Nous savons également que Netzah-Vénus est le Centre de Vie qui administre la partie de volonté reliée aux sentiments, qui s’occupe de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du goût et du toucher, et c’est souvent par là que la volonté se perd. Les 5 sens nous permettent de découvrir un monde qui nous éblouit et nous nous identifions à lui, quand il n’est en réalité qu’une partie d’un tout ; c’est la part de plaisir, la « dose » de jouissance que Dieu a mis dans son oeuvre et il sera plus vrai de dire que c’est l’annonce, la publicité d’une jouissance 100 fois supérieure que nous trouvons dans les Mondes d’en Haut. Situé dans la partie inférieure de la Colonne de Droite, Netzah est l’échantillon pâle des véritables jouissances que renferme Hochmah et qui sont précisément celles que le Christ est venu annoncer. Mais cela n’empêche pas que l’homme prenne en haute considération ses 5 sens et qu’il les utilise pour jouir pleinement de toute beauté qui, par eux, pénètre en lui. Nous utilisons nos 5 sens pour mettre chaque fois plus en relief le monde d’en bas, nous éloignant de celui d’en Haut, qui disparaît petit à petit de notre conscience, car nous n’arrivons pas à le capter. C’est alors que dans la conscience se forme une couche épaisse de saleté, comme celle qui s’accumule sur les carreaux ( vitres ) d’une maison abandonnée et il arrive un moment où la Lumière ne passe plus. Cette croûte d’impuretés qui enveloppe la conscience disparaît avec la mort, détruite par la Force de Répulsion qui agit dans les régions inférieures du Monde du Désir, et nous perdons alors le souvenir de ces fausses valeurs accumulées ; il ne nous reste que le sentiment d’avoir mal utilisé les ressources que le Créateur a mises à notre disposition pour explorer le Monde de la Conscience. Lorsque ces impuretés disparaissent de la conscience, le Disciple peut contempler les Mondes d’en Haut, il peut voir Dieu. Cette Béatitude exprime donc le besoin de diriger nos 5 sens vers le Haut avec la même avidité et empressement que nous les avons un jour projetés vers le Bas. La réinversion de la vue donne la clairvoyance ; celle de l’ouïe la clairaudience et ainsi de suite pour les autres sens. Ainsi, le Disciple pourra voir, entendre, sentir les parfums des Régions Eternelles, il pourra palper et déguster l’Autre Monde. Cette Béatitude consiste donc à fermer progressivement les sens à la perfection des réalités physiques pour les projeter vers le Haut. C’est une tâche quintuple car il y a 5 sens et le résultat est la vision de Dieu.
Exporter notre ordre intérieur vers la société - Hod
9.— « Heureux les pacifiques car ils seront appelés Fils de Dieu » nous dit la Septième Béatitude qui révèle les qualités de Hod-Mercure. Nous vivons dans un monde dans lequel il y a un affrontement constant de forces, dans nous-mêmes et dans les relations sociales. Dans nous-mêmes, les tendances qui nous régissent se succèdent et tandis que les unes luttent pour établir dans notre vie ce qui est juste d’autres viennent aiguiser nos désirs de jouissance, de richesse, de bien-être et nous sommes tantôt justes, honnêtes, bons, tantôt injustes, méchants ou malhonnêtes. Il y a en nous une guerre dans laquelle le Bien et le Mal se combattent férocement. Pour que cette guerre prenne fin, nous avons besoin d’un pacificateur qui ait le don de la parole juste, créatrice et susceptible d’être comprise et acceptée par les deux adversaires. Ce pacificateur doit évidemment jaillir de notre nature et il doit être capable de réconcilier les tendances opposées de façon à ce qu’elles soient capables de collaborer mutuellement dans la construction de notre existence.
Pour obtenir cette paix, les Seigneurs qui régissent nos désirs devront renoncer à certains objectifs, mais les Seigneurs qui représentent les objectifs de notre Ego devront, eux aussi, renoncer, dans une certaine mesure, à leurs desseins afin de déblayer le terrain pour que nos désirs puissent gravir la montagne de la spiritualité et devenir constructifs. Si l’exigence spirituelle est forte et intransigeante, si les désirs sont plus enracinés, ils finiront par triompher.
Il existe en nous-mêmes un Centre qui règle le dynamisme de ces deux forces, il se nomme Hod et sa manifestation matérielle est Mercure. C’est là que se trouve le Pacificateur et tandis que d’un oeil il contemple les réalités spirituelles, de l’autre il se tourne vers le bas pour observer les possibilités d’adapter ces dernières dans le Monde matériel. Ensuite, il freinera les énergies provenant d’en Haut, tout en essayant d’ouvrir de nouvelles voies pour que nous puissions petit à petit les absorber.
Lorsque ce Pacificateur fonctionne en nous, on nous nomme Fils de Dieu, de même que Mercure était fils de Jupiter en ce Quatrième Jour de la Création que nous sommes en train de vivre.
Une fois que la pacification a eu lieu dans notre terre humaine, nous sommes en conditions « d’exporter » notre ordre intérieur vers la Société et de devenir les pacificateurs du Monde, puisque les luttes intérieures de l’homme aboutissent à des luttes extérieures contre les personnes qui représentent les tendances auxquelles nous nous affrontons. Si nous obtenons la paix intérieure, cette paix se manifestera sans besoin d’arguments, elle nous suivra partout et elle s’étendra à notre entourage. Nous deviendrons des Fils de Dieu et grâce à nous, Dieu verra augmenter le nombre de ses Fils.
La justice : facteur de purification - yesod
10.— « Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice car le Royaume des Cieux est à eux », nous dit la Huitième Béatitude qui exprime les travaux réalisés par le Centre nommé (Cabalistiquement) Yésod.
La justice est un attribut de la Colonne de Gauche, qui est celle qui élabore les Lois et les Règlements. Le Christ vint proclamer une doctrine qui devait conduire à l’abolition de la Loi et situer l’homme dans le domaine de la Grâce et du pardon de ses péchés. Dans son discours préliminaire (Cf. Chapitre 3) le Christ dit que le Royaume du Père était ouvert tout spécialement aux pécheurs car ils portent en eux une quantité de Lumière plus importante que celle qu’ils pourraient normalement digérer.
Voici l’explication : Nous savons que la Lumière, l’Amour de Hochmah, est ce qui permet aux structures matérielles de subsister. Abel meurt, se dissout dans Caïn et grâce à cette dissolution, Caïn contient une trop grande quantité d’Abel, c’est-à-dire quand l’individu dispose d’une trop grande quantité de Lumière que peut-il lui arriver ? Trois choses :
Première : Qu’Abel tue Caïn ; que l’excès de lumière-énergie intérieure détruise le réceptacle matériel, rendant ainsi impossible la vie physique.
Deuxième : Que l’homme prenne conscience de la spiritualité qui l’envahit, qu’il comprenne le fonctionnement des mondes supérieurs et rende témoignage sur terre en déversant sur le monde qui l’entoure son excès de Lumière.
En agissant ainsi, il approfondira également son réceptacle intérieur et le débordement de Lumière n’aura pas lieu.
Troisième : L’individu ne prend pas conscience de ses pouvoirs intérieurs et ne sait pas les utiliser correctement mais pour que ceux-ci ne le détruisent pas, l’action s’intensifie et l’individu finit par agir au-delà, en dehors, des règles de la Société, devenant ainsi un délinquant poursuivi par la justice.
Le délinquant est donc l’individu qui possède en lui un excédent de Lumière qu’il ne sait pas utiliser. Il porte en lui le Royaume des Cieux, ce Royaume lui appartient et il n’est pas conscient de ce privilège mais la prise de conscience peut avoir lieu à n’importe quel moment, c’est pourquoi dans les prisons se produisent de si nombreuses conversions, transmutations ; les individus ayant dans de telles situations la possibilité de méditer sur leur propre cas. En ce sens ajoutons qu’une des tâches du Disciple doit consister à lutter pour que les Prisons puissent être un lieu de réflexion à la portée de tous ceux qui sont « persécutés à cause de la justice ».
D’un autre côté, l’individu qui se trouve dans le Deuxième cas finira, lui aussi par devenir un « persécuté à cause de la justice » car, bien que ses actes ne se tournent pas contre ses semblables, ils se tourneront contre le Seigneur de la Pénombre, contre le Royaume des Ombres et le Pouvoir des Ombres le persécutera pour l’éliminer, de même que les Pouvoirs publics ont persécuté le Christ dès sa naissance, pour le supprimer. L’ombre se sent attirée de façon très naturelle par la Lumière, comme le vampire par le sang de ses victimes qui lui permet de se maintenir en vie. Cette persécution qui vient des Ombres se produira à la Huitième heure, dans la vie de l’individu, quand Yésod entrera en action pour cristalliser les contenus intérieurs et pour que cette dynamique passe à l’extérieur.
Par conséquent, une des tâches fondamentales du Disciple doit consister à s’occuper de tous ceux qui sont persécutés à cause de la Justice.
Transformer le mal en bien - Malkuth
11.— « Heureux serez-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » nous dit la Neuvième et Dernière Béatitude, qui est le complément naturel et logique de la précédente et qui correspond à la projection de Yésod dans Malkuth qui représente le Monde matériel.
Cette Béatitude invite le Disciple à supporter l’adversité, l’injustice et tous les maux inhérents aux Centres de vie de la Colonne de Gauche. Quand le Disciple retient en lui-même, sans la répercuter, l’Onde expansive du mal, il transforme ce mal, il devient un agent actif du bien, le Fils de Dieu et en tant que tel, il recevra la récompense qui correspond à tous ceux qui se sont éveillés à la conscience de l’Amour et qui, par conséquent peuvent agir dans le Monde du Désir, peuvent y entrer ou en sortir à leur guise, à volonté.
A travers ces 9 Béatitudes, le Christ nous décrit neuf attitudes, 9 manières d’être. Il ne dit pas heureux ceux qui font ceci ou cela, heureux ceux qui participent à un culte ou qui suivent la Loi, mais heureux ceux qui sont ainsi.
Pour atteindre ces états naturels, on peut suivre certaines normes, réaliser certaines travaux mais on ne pourra jamais confondre ces normes et ces travaux avec leur but, qui consiste à être ainsi par nature. Nous avons vu l’Eglise Catholique distribuer des Béatitudes et des récompenses à ceux qui assistent à la Messe, à ceux qui communient les premiers vendredi de chaque mois. Mais, à la lumière de l’Enseignement du Christ nous pouvons affirmer que ces récompenses sont, de façon évidente, nulles. Ce n’est pas en faisant ceci ou cela qu’on entrera dans le Royaume du Père, mais en étant de ces Neuf Manières.
Eclairer la Foi par la Connaissance
12.— « Vous êtes le sel de la Terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes » poursuit le Christ.
Du temps de Jésus, le sel était un élément précieux, on l’utilisait même comme monnaie. Le mot salaire vient de sel. Les Alchimistes l’utilisaient dans leurs transmutations et il apparaît dans les cérémonies d’Initiation avec le Soufre et le Mercure.
Nous savons que le Sel est un élément saturnien, produit par Binah et administré par Yésod dans le Monde Cabalistique de la Formation.
En disant à ses disciples qu’ils étaient le sel de la Terre, le Christ voulait dire qu’ils étaient des créatures de Binah, la Séphira dont il était venu abolir la Régence. Mais il dirait par la suite qu’il n’était pas venu pour abolir la Loi, mais pour l’observer. Cela signifie que pour être des Disciples du Christ nous devons d’abord être comme Binah et posséder les qualités établies par Jéhovah à travers Moïse.
Nous devons être ce sel qui révèle le goût des aliments, qui permet de les distinguer les uns des autres, de les reconnaître. C’est ainsi qu’agit le sel physique sur les aliments physiques mais le sel spirituel sert à identifier les aliments spirituels, à connaître la relation des différentes forces qui meuvent les mécanismes de notre personnalité. Si ce sel perd sa saveur, il ne servira plus à discerner le vrai du faux et cela produira en nous une grande confusion. Le Christ invitait ainsi ses Disciples à posséder la Connaissance avant d’entrer dans le Royaume de la Grâce et à l’aide de cette Connaissance, révéler à leurs semblables la saveur des mets divins. Etre le sel qui révèle la saveur de chaque chose doit être l’une des aspirations du Disciple.
Partager vos connaissances
13.— « Vous êtes la Lumière du Monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous un boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes oeuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les Cieux » (Matthieu V, 14 à 16).
Le Christ exhortait ainsi ses Disciples à illuminer les hommes, le chemin des hommes, c’est-à-dire à manifester leur savoir, à ne pas le garder en eux-mêmes. Il compare cette lumière à la lampe placée sur le candélabre et à la Ville située sur la Montagne.
La Montagne est le symbole de l’élévation spirituelle. Nous avons vu que lorsque Jésus s’élevait aux plus hautes cimes spirituelles pour parler à ses Disciples, la Bible nous dit qu’il montait sur la montagne. Dans cette montagne de la spiritualité tout est à faire et le Disciple qui s’élève se trouve dans un endroit peu accueillant et il ne peut rester longtemps à l’intempérie. En disant à ses Disciples qu’ils devaient être comme une Ville située sur le sommet d’une montagne le Christ les invitait à organiser le monde spirituel, à le rendre cohérent, accueillant pour ceux qui y ont accès, de façon à ce qu’ils puissent y demeurer sans être obligés à redescendre. Et nous devons tous agir en ce sens ; pour commencer, nous devons construire cette ville sur la montagne, nous devons d’abord creuser le chemin qui y mène pour que l’accès soit facile, nous devons ensuite en assurer les services pour que rien n’y manque, pour que la vie y soit agréable. Le Royaume du Père que le Christ est venu annoncer et proclamer n’est pas un lieu de privation et de mortification comme l’annonçait la religion de Race, mais un endroit où règnent la joie, la paix et l’amour. Son accès peut être pénible, mais une fois arrivé, on voit apparaître le Paradis et c’est cette ville Paradisiaque, cette ville sur la Montagne que le Disciple doit construire. La comparaison de la lampe qui doit être mise à sa place sur le chandelier afin d’éclairer tous les habitants de la maison signifie que cette Lumière doit être uniformément distribuée de façon à ce qu’elle n’éblouisse pas les uns et laisse les autres dans l’obscurité. Autrement dit, le Disciple ne doit pas susciter parmi ceux qui l’écoutent, un intérêt personnel. Il doit se maintenir à la même distance de tout le monde, à l’endroit qui lui correspond et distribuer sa lumière selon les besoins de chacun.
Du temps de Jésus, l’électricité n’existait pas bien entendu, mais en prenant comme exemple la lampe au lieu du Candélabre à Sept branches, il voulut indiquer que la Lumière que ses Disciples devaient distribuer ne devait pas être aveuglante, ce qui aurait eu comme effet de submerger leurs adeptes dans une nouvelle obscurité troublante pour leur conscience. Au contraire la « Lampe » bien que placée au-dessus du chandelier devait donner une lumière graduée capable d’éclairer la « demeure » de l’Etudiant.
Intérioriser la Loi cosmique et en être le reflet
14.— « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la Loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le Royaume des Cieux. Car, je vous le dis, si votre justice ne dépasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le Royaume des Cieux. » ( Matthieu V, 17 - 20 ).
Au cours de son enseignement, Jésus a souvent insisté sur ce fait : l’ancienne loi doit être observée et ceux qui ne le font pas n’auront pas accès au Royaume du Père. Mais en même temps, le Disciple doit la dépasser. L’obéissance à la Loi doit être le chemin qui conduit à la Grâce.
Dans la vie ordinaire, les Lois de Binah sont instituées dans la Société, et souvent seulement sous leur aspect pervers. Il existe une norme établie dans toutes les sociétés Initiatiques qui veut que les Lois du Pays de résidence du Disciple soient respectées car, même si elles sont injustes, elles sont le reflet d’une situation collective que nous avons tous contribué à créer. Le combat contre ces Lois injustes ne doit pas être extérieur, mais intérieur puisque si en nous-mêmes nous agissons avec justice, nous nous verrons rapidement libérés de l’injustice extérieure et nous serons, pour la Société toute entière, des porteurs d’ordre et de paix. Le combat contre l’injustice doit s’effectuer au niveau mental afin que, selon le processus naturel prévu par le Cosmos, la Volonté de modification descende d’en Haut, irrigue les réservoirs situés aux différents niveaux de l’Arbre de Vie ( ou Arbre Cabalistique ) et modifie la réalité d’en Bas.
Si nous considérons, par exemple, la Loi sur le service militaire, nous ne préconiserons pas la désertion des drapeaux, mais nous soutiendrons l’idée d’une bonne Loi pour les objecteurs de conscience afin qu’ils puissent avoir un « statut » légal — auquel d’ailleurs nos Etudiants puissent également avoir recours —. Mais si ce « Statut » n’existe pas ( ou presque pas), il faut que chacun remplisse ses obligations militaires. Il faut remarquer qu’il n’est pas impossible d’être pacifiste et soldat en même temps car, comme le Christ nous le dit, de la même façon que nous pouvons faire une chose sans être ce que nous faisons, nous pouvons également être d’une manière et par obligation sociale faire ce qui semble contraire.
L’obéissance à la Loi n’implique pas l’adhésion de notre conscience. Le Disciple doit aller plus loin, il doit intérioriser la Loi Cosmique et être son parfait reflet. Quand il sera arrivé à ce stade, il aura dépassé tous les conditionnements de la Loi et il sera un homme libre.
Abolir la violence
15.— « Vous avez entendu qu’il a été dit aux Anciens : « Tu ne tueras point » ; celui qui tuera mérite d’être puni par les juges. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que celui qui insulte son frère mérite d’être puni par le Feu de la Géhenne ( Basses régions du Monde du Désir ). Si donc tu présentes ton offrande à l’Autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande. Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice et que tu ne sois mis en prison. Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé le dernier quadrant. » ( Matthieu V, 21 - 26 ).
Ici, Jésus fait référence au mécanisme de radicalisation, présent partout, et il nous dit que l’acte de tuer est le couronnement de toute une série d’états de violence qui commencent par une simple colère. Si ces états successifs étaient punis au fur et à mesure qu’ils se produisent, on n’arriverait pas au crime. De là découle une règle importante : celle du châtiment proportionné pour un début de délit ou de violence car ce type de châtiment effacera la faute et empêchera que la violence s’accumule et atteigne des proportions tragiques. Si elle ne trouve pas de barrières, son impulsion naturelle la portera à aller de plus en plus loin. Rappelons qu’il s’agit là de conseils pratiques que Jésus donnait à ses Disciples et qu’il faisait référence à l’ancienne Loi car, lorsque le Disciple pénètre dans le Royaume du Père, toute idée de châtiment disparaît.
Quand Jésus donne la priorité à la réconciliation sur l’offrande, il nous met en garde une fois de plus, contre le fait de penser qu’un acte rituel peut tout effacer. Le Disciple doit abandonner chaque soir toutes les rancoeurs suscitées pendant la journée mais il doit également être capable de se diriger vers son adversaire en vue d’une réconciliation, pendant qu’il se trouve sur le chemin. Dans la Route formée par les Lampes du Tarot, cette situation « d’être en chemin » est représentée par les Cavaliers, et nous devons empêcher que ce Cavalier, ce compagnon de route, ait accès à des niveaux supérieurs du pouvoir, représentés dans le Tarot par la Reine et le Roi.
Changer nos énergies internes
16.— « Vous avez appris qu’il a été dit : « Tu ne commettras point d’adultère ». Mais moi je vous dis que quiconque « regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur ». ( Matthieu V, 27 - 28 ).
Ici, Jésus nous dit au sujet de l’adultère la même chose qu’il nous disait au paragraphe précédent sur la violence. L’adultère commence avec le désir, qui se cristallisera plus tard en acte matériel.
« Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la Géhenne. Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse que de perdre tout ton corps ». ( Matthieu V, 29 - 30 ).
Ce conseil donné par Jésus est évidemment symbolique et seul un fou comme Van Gogh serait capable de le prendre au pied de la lettre. Les membres physiques obéissent à des pulsions énergétiques émanant du cerveau et ce sont les pulsions qui doivent être arrachées et non les membres qui sont des instruments neutres.
La science ésotérique révèle que nos membres sont mus par des Hiérarchies spirituelles auxquelles nous avons ouvert les portes de notre organisme humain. Elle nous apprend également que dans notre état évolutif actuel ce sont les Lucifers, les Anges déchus, qui contrôlent les mécanismes de notre nature intérieure. Cependant, ils ne nous imposent pas une façon déterminée de penser ou d’agir, ils sont simplement au service de nos désirs et ils nous fournissent à tous moments l’énergie correspondante qui nous permettra de les réaliser. Si nos désirs changent, le Luciférien qui nous fournissait cette qualité d’énergie nous quitte pour laisser la place à un autre Luciférien qui représente la nouvelle qualité d’énergie que nous demandons.
Mais si nos désirs sont élevés, s’ils sont sublimes, les Lucifériens ne peuvent plus nous venir en aide et ils sortent de notre organisme pour laisser la place aux Anges, qui sont des êtres d’une catégorie immédiatement supérieure.
Ce que nous devons donc couper, c’est le courant qui ravitaille l’organe qui produit notre chute en renvoyant le Luciférien chargé du ravitaillement, afin que l’Ange puisse prendre sa place. Pour cela, nous devons aussi faire appel à l’Ange qui nous fournira les courants que nous voulons introduire dans notre organisme. Ces êtres sublimes sont obligés de répondre aux appels qu’ils reçoivent des humains et leur présence fera fuir le Luciférien de nos organes, car il ne pourra supporter l’intensité vibratoire d’une Entité qui vit dans une Région supérieure à la sienne. Nous avons donné par ailleurs la liste des 72 Anges actifs en nous en indiquant la façon de les « utiliser » , mais nous y reviendrons ultérieurement.
L’adultère, cause des guerres
17.— « Il a été dit aussi : « Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce. » Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère ». ( Matthieu V, 31 - 32 ).
Répétons une fois de plus que le Sermon sur la Montagne ne contient pas à proprement parler, l’Evangile de Jésus c’est simplement une série de recommandations faites aux Apôtres pour les aider à faire face au contexte doctrinal de l’époque. Jésus dirait plus tard, au sujet du divorce, que le fait qu’il fut inscrit dans la Loi de Moïse était dû à la nature perverse des hommes de l’époque auxquels il fallait donner une Loi à la portée de leurs natures et non de Règles qu’ils eurent été incapables d’observer. Ici, la répudiation n’est pas acceptée, sauf dans un cas, celui de l’infidélité, mais dans toute la doctrine de Jésus la bonté est recommandée sans aucune exception. Dans notre Société actuelle, nous devons interpréter ce mandat, adressé exclusivement aux anciens, sans l’exception de l’infidélité, et cela est valable pour les deux sexes. Si notre conjoint n’est pas fidèle, c’est parce qu’il se trouve dans ses « mauvais jours » et au moment du mariage nous avons promis d’être à ces côtés dans ces circonstances (« pour le meilleur et pour le pire »). L’infidélité est un malheur pour celui qui la commet car s’il se sentait parfaitement bien, en pleine forme physique et morale, il ne ressentirait pas le besoin de chercher le plaisir ou la tendresse en dehors de lui-même. Au cours de ces Chapitres, nous avons vu que l’être humain complet se compose d’une personnalité masculine et d’une autre féminine. Quand un individu se marie, son autre personnalité, celle qui n’est pas apparente, s’incarne dans son conjoint ; ainsi, quand l’un est infidèle à l’autre, cette infidélité révèle à la « victime » l’existence ( chez cette victime ) d’une infidélité à l’état latent, logée dans son inconscient. De son côté le « coupable » crée en lui une division, il se sépare de l’unité formée par l’union maritale et cette séparation en nous-mêmes est porteuse de divisions extérieures, de fissures sociales, politiques, de fractionnements multiples qui dans une phase ultérieure au niveau collectif produiront la guerre. La guerre a ses origines dans l’infidélité, autrement dit dans la division de notre âme en blocs antagonistes ; l’infidèle est donc dans ses mauvais jours et nous lui devons notre solidarité qui sera le fil d’Ariane qui le reconduira à son unité intérieure et donc à l’unité conjugale.
Par conséquent, la répudiation, la séparation, le divorce, sont des notions étrangères à la doctrine du Christ. D’autre part, on dit d’un produit qu’il est adultéré quand d’autres produits qui lui sont étrangers y ont été ajoutés. Les huiles adultérées ont produit, en Espagne, par exemple, un grand nombre de décès. Au sujet de l’adultère proprement dit, voici quelques observations :
1/ quand deux personnes se marient, elles ne font, en réalité que récupérer leur unité intérieure, elles réunissent les polarités de leurs âmes, la consciente et l’inconsciente. Si, dans la vie pratique ces deux polarités ne s’entendent pas c’est que l’ordre intérieur des individus est perturbé et le désaccord intérieur est le signe qu’il faut se « réorganiser ».
2/ Si le conflit extérieur ne conduit pas à une réorganisation intérieure et les deux polarités de l’âme se repoussent, il arrivera que l’individu qui avait trouvé auparavant son unité, s’en sépare pour en trouver une autre. Mais l’autre-moi n’a pas de faces multiples, il est unique, comme nous-mêmes, donc celui qui s’est séparé de son unité légitime ne peut être qu’un produit adultérant pour n’importe quel autre individu, et la personne qui s’unira à lui commettra un adultère, c’est-à-dire se mêlera à un produit qui n’est pas de sa même nature et, selon son degré de tolérance, le produit adultérant peut être inoffensif pour la « consommation », se bornant à ne pas être ce qu’est l’autre, ou bien il peut être toxique et produire la mort, c’est-à-dire la destruction de tout ce qui concerne le couple en question.
3/ donc, si celui qui se sépare de son unité et celui qui accepte passivement cette séparation, et même si l’infidélité n’a pas lieu tout de suite, sont en train de favoriser l’adultération dans le Monde, qui s’étendra à tous les niveaux y compris l’alimentaire. Toutes les considérations sur ce point ( que l’on dise par exemple qu’un Tel s’est marié parce qu’il n’a rien trouvé de mieux ou par exigence de la famille, ou de son honneur... ) n’est que pure et simple anecdote circonstancielle. L’union matrimoniale est toujours engendrée par un besoin intérieur. C’est ce besoin intérieur qui créera les circonstances propices. Parfois les deux personnes qui forment le couple n’auront pas à aller très loin pour faire connaissance, mais dans d’autres cas, ils devront parcourir des milliers de kilomètres, et le fait que la rencontre ait été facile ou difficile n’est pas une garantie de bonheur conjugal puisque l’harmonie dépend de l’équilibre des forces intérieures et non des caractères apparents des deux conjoints.
Le monde du christ, une terre de liberté
18.— « On vous a encore enseigné qu’il a été dit aux anciens : « Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment. » Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le Ciel parce que c’est le trône de Dieu ; ni par la terre, parce que c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit Oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du malin » ( Matthieu V, 33 - 37 ) ; nous dit Jésus dans ce paragraphe.
Cette recommandation du Christ n’a pas eu beaucoup de succès dans la vie pratique. Dans les pays chrétiens, par exemple, les membres du Gouvernement jurent solennellement fidélité à la Constitution, à la Nation, à la République, à la Monarchie et ils jurent sur l’honneur et avec la main droite posée sur les Livres Sacrés. S’ils ne respectent pas leur serment, la Société les considère dépourvus d’honneur, de principes, de morale et elle les châtie parfois durement. Cependant, Jésus conseille à ses disciples de se limiter à dire oui ou non. Voyons pourquoi le serment n’a pas de cours dans le Royaume du Père.
L’ancienne Loi avait été donnée aux hommes pour qu’ils puissent construire leur monde matériel ; ceux qui l’ont construit en observant ces règles, nous ont laissé des monuments qui subsistent encore de nos jours, comme les pagodes chinoises, les temples hindous, les pyramides, nos cathédrales. Le serment était sous l’angle moral, ce qui conférait de la solidité aux engagements, faisant que les constructions intellectuelles des hommes fussent aussi solides que leurs monuments.
Mais le Christ vint révéler à l’homme une nouvelle dimension, il vint le libérer de ses engagements antérieurs. Les choses évoluent, et l’homme également et ce qui un jour est bon et plausible peut ne plus l’être le lendemain. Un homme lié à un serment est un homme dont la conscience, dans cet aspect précis, ne peut évoluer car, par dessus tout, il se doit d’être fidèle à son serment ; s’il cesse d’être fidèle à un serment, fait quand il n’avait pas encore atteint son actuel état de conscience, il est en faute vis-à-vis de lui-même.
Dans le monde de Liberté que le Christ vint annoncer, l’homme ne pouvait lier sa parole à une réalité forcément passagère. Cependant, la recommandation de ne pas jurer, ne suppose pas que l’individu puisse rompre tout d’un coup tous ses engagements antérieurs. L’homme chrétien qui a eu vraiment accès au Royaume du Père a été motivé intérieurement par la bonté, la sagesse et l’amour, il n’a donc aucun besoin de serments, pour agir à tous moments pour son propre bien et pour celui de ses semblables. Par contre, si l’homme a besoin de prêter serment sur un Livre Sacré pour être fidèle à un engagement cela veut dire qu’il n’y adhère que dans son aspect formel et qu’il a besoin de la rigueur de la Loi pour maintenir sa promesse.
Les mystères de la miséricorde
19.— « Vous avez appris qu’il a été dit Oeil pour oeil et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi la joue gauche. Si quelqu’un veut plaider contre toi et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Si quelqu’un te force à marcher un mille, fais en deux avec lui. Donne à celui qui te demande et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi » ( Matthieu V, 38 - 42 ). Poursuit Jésus.
L’objectif de la Loi du Talion est que l’homme paye ses fautes pendant la présente existence et qu’il ne parte pas à l’autre monde chargé d’une série de compromissions et de « dettes » qu’il aurait à payer dans une prochaine incarnation. Cette Loi ne peut pas être appliquée dans le Royaume de l’Amour et il faut que l’homme devienne plus paisible pour y entrer et qu’il absorbe en lui la violence des autres comme l’éponge qui absorbe l’eau.
On n’exige de nous que ce que nous avons exigé des autres ; le mal ou la violence que nous avons à endurer sont ceux que nous avons auparavant mis en circulation ; on ne nous vole que ce que nous avons dérobé et les « casse-pieds », les rabat-joie que nous rencontrons sur notre route ne sont que le juste retour de nos intromissions passées dans le domaine des autres. Il ne faut pas rompre avec ces volontés adverses car si nous laissons que leur « agressivité » s’épuise en nous, notre vie deviendra un havre de paix.
L’amour en toute circonstance
20.— « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi je vous dis : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son Soleil pour les bons et pour les méchants, il fait pleuvoir sur les justes et les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites vous d’extraordinaire ? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même ? » ( Matthieu V, 43 - 48 ).
L’amour envers l’ennemi est un des enseignements les plus sublimes de la doctrine du Christ et le Disciple ne deviendra un Adepte du Christianisme que dans la mesure où il saura faire jaillir de ses entrailles cet amour. Nous avons vu dans le processus cosmique de la Création que c’est la Lumière-Amour qui circule dans la Colonne de droite et permet aux réalités matérielles représentées par la Colonne de gauche, de subsister. Autrement dit, c’est Abel dissous dans son frère qui permet à son ennemi Caïn de subsister ; c’est le plat de lentilles de Jacob qui tient en haleine son frère ennemi Essaü. Si les ennemis cosmiques ne collaboraient pas entre eux, en s’intégrant l’un à l’autre, la Création ne pourrait pas subsister.
21.— Dans la réalité sociologique, l’ennemi est l’individu qui s’oppose à la réalisation de nos désirs dans ce qu’ils ont d’excessif et de démesuré. Si par exemple, nous ouvrons un supermarché dans une rue où ce genre d’établissement existe déjà, il est évident que, pour que notre affaire marche, l’autre devra faire faillite puisque nous nous adressons tous les deux à la même clientèle. La force de notre désir aura créé une réalité matérielle, mais une partie de cette force aura également créé un ennemi, le propriétaire de l’autre supermarché. Cet ennemi sera donc, en réalité, notre créature. Supposons maintenant que nous réalisons une série de démarches en vue de couler son affaire, que nous y arrivons et que nous obtenons toute sa clientèle. L’ennemi aura provisoirement disparu de notre horizon commercial mais dans une prochaine vie, nous le retrouverons intériorisé dans notre programme et il fera un jour son apparition sous un aspect méconnu car nous ignorerons alors l’ancienne relation.
L’ennemi est toujours une création personnelle, réalisée à un moment donné, consciemment ou non, et l’amour envers lui signifie que, consciemment ou non, nous le reconnaissons comme tel. Cette reconnaissance implique la fin de toute création antagoniste ; elle signifie que nous ne porterons plus atteinte avec nos désirs de création aux intérêts des autres ; que dans nos créations ultérieures, nous nous limiterons à un espace fermé, qui n’appartienne à personne, comme Dieu le fit quand il limita sa création avec le zodiaque.
L’Amour envers l’ennemi nous permet de nous fondre en lui positivement; cela représente l’étreinte symbolique d’Essaü et Jacob quand ce dernier revient aux terres de son ennemi-frère. Le fait de nous identifier à celui qui nous maudit, qui nous hait, nous brime ou nous poursuit, implique la reconnaissance de nos actes négatifs, ainsi que la fin de ce mal, en entendant par mal ce qui nous limite, ce qui s’oppose à la liberté, première et principale prérogative Divine.
Etre chrétien, c’est chercher constamment la perfection
22.— « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » ( Matthieu V, 48 ), conclut Jésus dans cette première partie de son sermon, après avoir établi les bases de cette perfection au travers des Neuf Béatitudes, qui constituent un mécanisme de libération car lorsque la première se met en route elle entraîne automatiquement les suivantes. Quand nous sommes pauvres en Sagesse, nos vides intérieurs se remplissent d’Amour-Sagesse rejetant l’affliction qui cède la place à la consolation, qui produira à son tour la mansuétude qui nous permettra d’entrer dans le Royaume de la Justice. La Justice nous poussera à être miséricordieux et la miséricorde détruira la croûte qui couvre notre conscience, nous permettant de voir Dieu ! Si nous voyons Dieu, nous rendrons témoignage de Lui, devenant ainsi d’intrépides pacificateurs de son Royaume et cette participation active dans l’Oeuvre divine produira la rébellion des ombres qui se verront privées de leur pouvoir ; cela nous permettra de supporter et d’aimer l’ennemi.
Le premier pas vers l’accès au Royaume du Père commence par l’humilité par rapport à notre savoir.
Kabaleb
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